Une doctrine issue de la réforme

1. « sola scriptura » : l'Écriture seule

La Bible inspirée de Dieu est revêtue de son autorité. Elle est inerrante, c'est à dire ne peut comporter d'erreurs — même si certains points sont difficiles à comprendre. La bataille au XVI^e siècle était dirigée contre ceux qui voulaient ajouter des traditions ecclésiastiques à l'Écriture, tandis qu'aujourd'hui elle doit être livrée contre ceux qui nous recommandent l'utilisation de moyens humains, au détriment de la Bible, pour accomplir l'œuvre de Dieu. Malgré leur indéniable intérêt, les apports de la sociologie et de la psychologie ne sauraient remplacer la révélation de Dieu pour tous les hommes et toutes les époques.

Bien que l'expression « sola scriptura » (ou ses originaux hébreux ou grecs) ne soit pas contenue dans la Bible, plusieurs versets font référence à cette autorité exclusive des Saintes Écritures.

NB. Les citations bibliques données pour étayer les arguments doctrinaux sont issues, sauf mention particulière, de la version Louis Segond 1910, nouvelle édition de Genève 1979.

Seconde épître de Pierre, chapitre 3 : versets 1-2: Voici déjà, bien-aimés, la seconde lettre que je vous écris. Dans l’une et dans l’autre je cherche à éveiller par des avertissements votre saine intelligence, afin que vous vous souveniez des choses annoncées d’avance par les saints prophètes, et du commandement du Seigneur et Sauveur, enseigné par vos apôtres.

Apocalypse de Jean, chapitre 22 : verset 18: Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.

2. « solus Christus » : Christ seul

Cette formule signifie que Jésus, vrai homme et vrai Dieu, a tout accompli, de sorte qu'aucun mérite de la part de l'homme, aucun mérite des saints, aucune bonne œuvre que nous aurions accomplie, ne peut ajouter quoi que ce soit à cette œuvre salvatrice achevée. En fait, toute tentative d'ajouter à l'œuvre de Jésus est une perversion de l'évangile… voire, n'est pas l'évangile du tout !

Actes des apôtres, chapitre 4 : verset 12: Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom (que celui de Jésus) qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés.

Première épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 1 : verset 22: Je n'ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.

3. « sola gratia » : la grâce seule

La grâce de Dieu en Christ est l'unique et indispensable cause efficace du salut, car l'être humain est né spirituellement mort et incapable de collaborer à la grâce régénératrice. La grâce désigne la faveur imméritée de Dieu à l'égard de l'homme déchu, par laquelle il pourvoit en Jésus-Christ à sa rédemption, car depuis toute l'éternité, il a déterminé d'accorder cette faveur à tous ceux qui croiraient en Christ, Sauveur et Seigneur. C'est aussi par grâce que le croyant est rendu capable de persévérer dans la vie chrétienne.

Épître de Paul aux Éphésiens, chapitre 2 : versets 6-9: Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie.

Seconde épître de Paul à Timothée, chapitre 1 : versets 8-10: Mais souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu qui nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels, et qui a été manifestée maintenant par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ, qui a réduit la mort à l’impuissance et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile.

4. « sola fide » : la foi seule

La foi est avant tout la confiance dans la puissance et la bonté de Dieu. Dans l'Évangile de Jean, elle est présentée comme une notion-clé, fondée sur le triple témoignage solide et inébranlable de la personne, des paroles et des œuvres du Christ. Elle commence par l'acceptation de la véracité des témoins de Jésus, passe par la confiance dans les paroles, les œuvres et la mission messianique de Jésus, et conduit à la réponse de l'homme tout entier à la personne de Christ.

Épître aux Hébreux, chapitre 11, versets 1-3 (version "Semeur")

La foi est une façon de posséder ce qu'on espère, c'est un moyen d'être sûr des réalités qu'on ne voit pas. C'est parce qu'ils ont eu cette foi que les hommes des temps passés ont été approuvés par Dieu.

Par la foi, nous comprenons que l'univers a été harmonieusement organisé par la parole de Dieu, et qu'ainsi le monde visible tire son origine de l'invisible.

La foi ne doit pas être opposée à la raison ; ce serait ignorer qu'elle est fondée sur un témoignage très sûr : la Parole de Dieu. Le croyant n'est jamais invité à abdiquer son intelligence. La foi n'est cependant pas qu'une simple adhésion intellectuelle, mais une confiance en la personne et l'œuvre de Jésus-Christ.

Épître de Jacques, chapitre 2 : verset 19: Tu crois qu'il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent.

Évangile selon Jean, chapitre 3 : verset 16: Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle.

5. « soli deo gloria » : pour la seule gloire de Dieu

La gloire de Dieu, c'est le rayonnement qui se dégage de sa personne, l'éclat insoutenable de toutes ses perfections. La Bible compare cette gloire à un feu dévorant qui éblouit, aveugle, et inspire la crainte, le respect, l'adoration. Cette gloire inaccessible du Dieu d'Israël s'est approchée de nous : en Christ nous avons pu la contempler et l'aimer sans être consumés par elle.

Chose merveilleuse : le but cherché par Dieu est que sa gloire soit manifestée dans une relation entre lui et l'homme. D'une part, il révèle sa gloire dans d'innombrables actes de générosité gratuite; et d'autre part, ses enfants répondent en lui donnant gloire par leurs actions de grâce pour tout ce qu'ils ont vu et reçu et par la consécration de leur vie à l'obéissance, au service et au témoignage. L'homme a été créé en vue de cette communion réciproque dans l'amour ; la rédemption en Christ la rend possible pour des êtres déchus. Si Dieu a du plaisir en révélant sa bonté à ceux qui la reçoivent, il n'en est pas moins vrai que l'homme trouve son épanouissement et son bonheur en contemplant la gloire de Dieu, en lui adressant la louange et en lui consacrant sa vie. Quel est le but principal de la vie de l'homme ? Réponse du Petit Catéchisme de Westminster : « de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel ».

Adorer Dieu, rendre gloire à Dieu, ou donner gloire à Dieu, c'est le louer, lui rendre honneur, exalter et célébrer ses perfections. Glorifier Dieu, c'est donc lui rendre hommage, le reconnaître comme le seul souverain, et la source de tout bien. Celui qui se glorifie lui-même commet la faute grave de voler à Dieu l'honneur qui lui est dû, à lui seul.

Épître de Paul aux Galates, chapitre 6 : verset 14: Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde !

Épître de Paul aux Romains, chapitre 11 : versets 33-36: Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! En effet, qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?
Qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui et pour lui! A lui la gloire dans tous les siècles. Amen !